Après s’être intéressé sommairement aux définitions des inégalités, appliquées au cas français, ce deuxième article se focalise davantage sur une comparaison internationale de ces dernières. A cette fin, les données sont issues des travaux de l’OCDE, et du rapport Credit Suisse Wealth Report 2014. 

Des inégalités flagrantes entre les pays

Au niveau mondial, la richesse nette par personne atteint 56 000$ en 2014, néanmoins, elle masque de nombreuses inégalités entre les pays comme le montre la carte ci-dessous. Les régions les plus riches (revenu moyen supérieur à 100 000$) se situent en Amérique du Nord, Europe Occidentale et Australie. Les zones les plus pauvres (revenu moyen inférieur à 5000$) se trouvent pour l’essentiel en Afrique. Le pays le plus riche, et de loin, est la Suisse dont le revenu moyen s’élève à 587 000$, suivi de l’Australie (431 000$) et la Norvège (359 000$). Le groupe de pays dont la richesse dépasse les 100 000$ reste extrêmement stable. Il faut noter l’entrée de la Grèce qui dispose d’un revenu de 111 400$/habitant/an.

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Les pays dont les richesses sont intermédiaires (25 000$ à 100 000$) comptent deux pays de l’Union Européenne, le Portugal et la Slovénie, ainsi que les nouveaux entrants de l’UE. La plupart des pays du Moyen-Orient (Liban ou Arabie Saoudite) et d’Amérique Latine (Chili, Mexique, Colombie,…) intègrent également ce groupe. La « frontière de la richesse », ie entre 5 000$ et 25000$, couvre la plus grande partie de la planète. On retrouve notamment les pays les plus peuplés tels la Chine, Brésil ou la Russie, ainsi que les pays en transition (Albanie, Azerbaïdjan, Bosnie, Serbie,…) et des pays d’Amérique latine (Argentine, Pérou, Vénézuela,…). L’Afrique centrale et l’Asie du Sud regroupent les pays les plus pauvres dont notamment la République Démocratique du Congo (574$), le Burundi (600$) et le Liberia (766$). On retrouve également des pays aux frontière de l’Europe : Biélorussie, Moldavie et Ukraine.

Si l’on observe la distribution de la richesse dans le monde, le pyramide ci-dessous montre que celle-ci est loin d’être uniforme pour l’année 2014. Ce graphique met en lien trois éléments : un classement des revenus (moins de 10 000$, de 10 000 à 100 000$, de 100 000 à 1 000 0000$, plus de 1 000 0000$), la richesse mondiale correspondante (en valeur et en pourcentage) et la population concernée (en valeur et en pourcentage). Ainsi, la base de la pyramide indique que près de 3,3 milliards de personnes (soit 69,8% de la population mondiale) perçoivent un revenu inférieur à 10 000$, représentant 2,9% de la richesse mondiale.

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Au sommet de la pyramide, on note que 0,7% de la population (soit 35 millions de personnes) ont un revenu supérieur à 1 million de dollars, et s’accapare ainsi 44% de la richesse mondiale. Au final, un peu plus de 8% de la planète détient plus de 80% des richesses mondiales.

Les inégalités entre individus

Après avoir observé les inégalités de richesses entre les pays, il peut également décrire les inégalités entre les individus dans différents pays. Mesurer un niveau d’inégalité revêt évidemment un caractère arbitraire. L’analyse du Crédit Suisse se fonde sur un benchmark : la série temporelle des Etats-Unis, fournissant des séries relativement longues, permettant de voir l’évolution des inégalités sur le long terme. On peut alors effectuer un classement des pays en terme d’inégalités de richesses :

  • Les pays aux très fortes inégalités, correspondant au cas où le dernier décile détient plus de 70% de la richesse (c’est le cas des E-U au début du 20ème siècle) ;
  • Les pays aux fortes inégalités, correspondant au cas où le dernier décile détient plus de 60% de la richesse (c’est le cas des E-U au milieu du 20ème siècle) ;
  • Les pays aux inégalités moyennes, correspondant au cas où le dernier décile détient plus de 50% de la richesse (c’est le cas de l’Europe durant les années 1980) ;
  • Les pays aux inégalités faibles, correspondant au cas où le dernier décile détient moins de 50% de la richesse.

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La plupart des pays développés se situe à un niveau d’inégalités moyennes. Cette tranche a connu peu d’évolutions depuis les années 1980, signe d’une grande stabilité. Les autres pays développés se classent dans des niveaux supérieurs d’inégalités, à l’exception du Japon et de la Belgique, seuls pays caractérisés par une faible inégalité. Les pays développés les plus inégalitaires sont Hong-Kong, les Etats-Unis et la Suisse. Concernant les pays émergents, à l’exception des Emirats Arabes Unis, dont le degré d’inégalité est moyen, ces derniers connaissent une inégalité relativement importante (soit forte inégalité, soit très forte inégalité). Pour le cas de la Russie, les inégalités sont si fortes que cela mériterait peut-être de créer une classe supplémentaire. On remarque également que les pays dont la richesse par tête est la plus importante aurait tendance à réduire le degré d’inégalités (en l’occurrence, c’est le cas de la Corée, de Taiwan, et des EAU).

Enfin, si l’on observe le taux de pauvreté dans les pays développés (mesurer par le pourcentage de ménages ayant un niveau de vie inférieur à 60% du revenu médian), on peut noter des grandes disparités entre les Etats de l’OCDE.

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Le taux de pauvreté reste relativement faible dans la plupart des pays européens. On notera néanmoins que les pays du Sud de l’Europe voient leur nombre de pauvres exploser, notamment suite à la crise européenne. En Espagne, ce taux atteint 14%, tandis qu’en Grèce, il plafonne à 15%. Notons que la richesse ne réduit pas nécessairement le taux de pauvreté. Ainsi, aux Etats-Unis, 18% des ménages sont pauvres, l’un des taux les plus élevés des pays de l’OCDE.

En conclusion, des disparités importantes subsistent entre les pays, mais également entre les individus dans chaque pays. En Europe, on notera que cette région dispose d’une grande partie des richesses mondiales, mais se caractérise également par une inégalité entre les individus relativement moyenne et stable depuis les années 1980. Il conviendrait maintenant d’expliquer l’émergence des ces inégalités et les conséquences macroéconomiques de ces dernières. Ce travail sera effectué dans un prochain article.