Dans ce nouvel article de Finances & Développement, les économistes du Fonds Monétaire International, Jonathan Ostry, Prakash Loungani et Davide Furceri remettent en cause l’efficacité de deux mesures d’inspiration néolibérale (ou libérale, peu importe la dénomination qui leurs sont attribuées) proposées depuis le début des années 1980 : l’austérité expansionniste et la libéralisation du compte financier. Dans les deux cas, Ils proposent une vision pragmatique et de voir ce qui a marché et ce qui n’a pas marché.
Concernant le premier point, l’austérité expansionniste, ils soulignent que les évidences empiriques, indiquant que les politiques d’austérité permettent d’atteindre une croissance plus forte et plus stable, sont extrêmement minces. Les effets redistributifs de ce type de politiques provoquent une augmentation des inégalités sans pour autant améliorer l’arbitrage entre équité et efficience. Il existe des évidences solides indiquant qu’une augmentation de l’iniquité n’entraîne pas nécessairement une amélioration de la croissance ou du bien-être.
De même, sur la question du seuil optimal d’endettement public, ils soulignent que c’est la trajectoire de la dette publique qui est déterminante, concernant le jugement des marchés financiers et, donc potentiellement, le risque d’emballements financiers, et non le niveau de l’endettement public. Ils considèrent la situation (hypothétique) d’un État qui n’a aucune dette n’est pas forcement meilleure que la situation d’État qui est endetté mais dont la trajectoire d’endettement est maîtrisée.
Ce qui remet en cause fortement la pertinence de cette idée dont les principaux promoteurs sont Roberto Alesina, sur le plan académique, et Jean-Claude Trichet, sur le plan politique.
En ce qui concerne le second point, la libéralisation du compte financier, ils mettent en évidence l’absence de lien avec une amélioration de la croissance et, surtout, une augmentation de l’instabilité financière à travers une augmentation du risque de crise financière (boursière et/ou bancaire).
On constate que la libéralisation brutale du compte financier ne permet pas d’améliorer le partage de risque (en dehors des investissements directs étrangers) entre partenaires commerciaux.
Finalement, ils préconisent d’être assez prudent concernant ce type de politiques qui consistent in fine à “croître avec l’argent des autres” car les gains récoltés pourraient être bien inférieurs aux risques engendrés par une libéralisation trop rapide et sans aucune forme de régulation.
Ces renversements de perspective, assez impressionnants, sont la preuve que les institutions internationales comme le Fonds Monétaire International peuvent jouer un rôle dans les futures discussions sur l’avenir d’un système monétaire international plus harmonieux et plus efficace.